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Capitaine abandonné

21 février 2018

Dix ans plus tôt (partie 3)

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(Il est fortement conseillé par l’auteur de lire cet article avec en fond sonore « Prendre un enfant » d’Yves Duteil. Même si la chanson, qui parle d’un monsieur assez âgé qui propose de prendre un enfant par la main, soi-disant pour l’emmener vers demain, n’a rien à voir avec les lignes qui suivent, je vous rassure. C’est juste pour le titre en fait. Encore et toujours. En passant, c’est quand même fou cette ambiance pédophile qui règne au sein de la chanson française. Mais bon, apparemment ça n’a l’air de ne gêner personne, alors...)

  • J’avais encore des grands-parents. Alors ça, c’est vraiment la tuile. Quand on a plus de grands-pères ou de grands-mères, ça veut dire qu’on est entré officiellement dans cette partie de la société qu’on pourrait appeler les « mi-vieux », c’est-à-dire ceux qui ne sont pas encore assez vieux pour ne plus avoir de parents, mais qui ne sont plus suffisamment jeunes pour avoir encore des grands parents. Et ensuite, quand on a plus de parents, bah on est vieux tout court. Ces dix dernières années, je suis donc monté d’une marche supplémentaire dans l’escalier de l’inexorable décrépitude qui mène à la déchéance finale. Et du coup, maintenant que je n’ai plus de grands-parents, on peut imaginer que la Mort, dans son entreprise de destruction éternelle, va s’attaquer à la génération qui arrive juste derrière, celle où il y a notamment mes parents, mes oncles et mes tantes. Et que si on ne l’arrête pas, elle s’attaquera ensuite à MA génération, celle où je suis, avec ma sœur, mes cousins, mes cousines, et mes amis. Enfin, c’est comme ça. Du coup, à 29 ans, il y a déjà plein de phrases que je ne peux plus dire, comme par exemple : « Sortir ce soir ? Ah non désolé, je ne peux pas, il faut que j’aille voir ma grand-mère » ou même « Ce qu’on fait pour Noël ? Oh bah comme tous les ans, on fait ça chez ma grand-mère » ou encore « Putain ! Il est méga cher ce nouveau vélo pliable de chez Decath’, va encore falloir que je tire un peu de pognon à la vieille ». C’est vraiment triste.
  • Je n’avais jamais foutu les pieds dans un restaurant McDonald’s de ma vie. Ces bâtiments peints en rouge et en jaune, les couleurs de l’enfer, ne m’inspiraient rien de bon. Pour moi, la bouffe macdo c’était vraiment de la merde, et il était hors de question de pactiser avec le diable, fut-il habillé en clown. Jusqu’au jour où, va savoir comment, au début des vacances d’été 2009, juste après mes partiels, mon CV s’est retrouvé, de manière tout à fait inexplicable, sur le comptoir du restaurant juste à côté de chez moi. Histoire incroyable ! On se serait cru dans « Paranormal Activity 12 ». Personne n’a encore trouvé d’explication rationnelle à cette sombre affaire. Aucun témoin, aucune trace ADN, mais un suspect : Ronald. Avec son sourire de fourbe et cette manière d’être toujours joyeux, difficile de ne pas voir en lui le coupable idéal. C'est lui qui a voulu m'attirer de force dans son antre, en échange d'un salaire. Trop gentil pour être honnête, c’est moi qui vous le dis.

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  • Toujours est-il que je me suis très vite retrouvé derrière un comptoir à servir des Sunday toute la journée. Et ça a duré deux ans. Et à 40 centimes le menu quand on est équipier chez l’enfer, j’aime autant vous dire que je me suis fait plaisir. Tout y est passé : les maxi capuccino avec triple supplément spéculoos, les boîtes de 32 nuggets, les méga McFlurry servis dans des gobelets à boisson de 75 centilitres… Et vu que je travaillais surtout en cuisine, je me faisais moi-même mes hamburgers. J’ai même inventé mes propres recettes. Le « 560 » par exemple, deux fois le 280. Ou encore le « M Max » avec deux viandes et 6 tranches d’emmental, un bijou ! Et puis, petite coquetterie personnelle, j’avais même inventé un sandwich à mon nom, que j’avais modestement appelé « le petit Grégory » : un pain doré cuit sur pierre, deux steaks assaisonnés comme il faut, de la Batavia, des tomates, quatres tranches de cheddar fondues sur quelques potatoes et, le détail qui tue, une petite rondelle de cornichon noyée dans la sauce. Mais bon, ils n’ont jamais voulu le commercialiser au siège, sous prétexte que ce n’était pas très politiquement correct. Parce que faire bouffer de la merde aux gens depuis plus de 30 ans ça l'est peut-être. Enfin, dommage.
  • Je ne buvais jamais de café. Déjà parce que je ne trouvais pas ça très bon, et parce que pour moi, le café c’était vraiment la boisson pour personnes âgées, pour celles qui ne tiennent tellement plus le choc qu’elles doivent avoir recours à des drogues douces pour avoir encore les yeux ouverts après 21 heures. Du coup, je n’en avais pas besoin, c’était ma grande fierté. Je pouvais même frôler l’arrogance en buvant du lait chaud ou toutes sortes d’infusions le soir sans connaître le moindre assoupissement. Enfin, tout ça c’était avant la fac. Et c’est vrai qu’à la fac, quand tu as trois exposés à faire en dix jours, et que juste derrière tu enchaînes avec une semaine de partiels, tu relativises très vite les choses et t’es assez d’accord pour échanger ton infusion contre la cafetière à laquelle tu es tenté de boire directement au goulot. A partir de ce moment-là, ça a été l’engrenage fatal : J’ai d’abord commencé par une tasse le soir pour réussir à travailler toute la soirée, puis j’ai pris une tasse le matin pour m’aider à me réveiller, puis une après manger avant d’attaquer l’après-midi, puis une autre pour éviter le coup de barre de 17 heure, puis encore une autre pour éviter le fameux coup de barre de 18 heure et ainsi de suite et ainsi de suite. Je suis rapidement arrivé à une dizaine de tasses par jour. Je suis devenu complètement caféinomane. Il me fallait ma dose toutes les deux heures sinon j’étais capable d’agresser quelqu’un. Il y a eu des moments où j’en buvais tellement que j’assurais à moi seul 45% du PIB de l’Amérique Latine. Mon estomac était sponsorisé par Nescafé. Je pissais du dolce gusto. What else ?
  • Je perdais déjà mon temps à écrire des saloperies sur un blog handicapé à peine lu. Il y a des choses qui ne changent pas !

FIN

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16 février 2018

Dix ans plus tôt (partie 2)

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(Il est fortement conseillé par l’auteur de lire cet article avec en fond sonore « Il venait d’avoir 18 ans » de Dalida. Même si la chanson, qui parle d’une vieille cougar qui se fait pécho par un petit minot de 18 ans, n’a rien à voir avec les lignes qui suivent, je vous rassure. C’est juste pour le titre en fait. Encore)

  • La chanson qui cartonnait, c’était « Façon Sex » des Tribal King. Putain, comment on a pu laisser faire ça. C’est bien la folie des hommes. Heureusement, au cinéma, c’est « Je vais bien, ne t’en fais pas » qui tenait le haut de l’affiche. L’honneur est sauf.
  • J’avais plein de principes. Tout un tas de trucs que je m’interdisais de faire sous prétexte que « c’est pas bien ». Par exemple, je n’avais encore jamais bu un verre d’alcool de ma vie. A part une fois, quand j’avais 7 ans, par accident : j’avais confondu mon verre de coca avec le verre de whisky-coca de mon père qui était posé juste à côté. Mais ça ne compte pas, je n’étais pas consentent. En plus j’ai tout recraché sur la table. Il en rit encore mon père de cette histoire. Et depuis ce traumatisme, plus une goutte de liche, jusqu’à mes 20 ans. 13 années d’abstinence. De quoi rendre jaloux Renaud ou Gérard Depardieu. Mais je n’avais pas de mérite, à l’époque je n’aimais vraiment pas l’alcool, je trouvais ça dégueulasse. Même le cidre ou le panaché, ça ne passait pas. Et puis pour moi l’alcool c’était Satan. Une sorte de potion maléfique qui change les gens de l’intérieur et les transforme en cons. Du coup, en plus de ne pas aimer ça, je m’interdisais idéologiquement d’y toucher. Et pour justifier ça, je me servais de la fameuse phrase qu’utilisent tous les gens qui ne boivent pas d’alcool en soirée :« Vous savez, je n’ai pas besoin de boire pour m’amuser ». C’est ça ouais. Je ne sais pas si vous êtes déjà allés dans une soirée où les gens ne boivent pas. Mais qu’est-ce qu’on se fait chier ! J’étais comme eux avant, j'étais un espèce de boulet dans les soirées. Sans alcool, la fête est plus molle, c’est moi qui vous le dis.
  • Du coup, vous imaginez bien que je n’aimais pas du tout, mais alors pas du tout les soirées. Pour moi c’était des lieux de débauche, des endroits où l’on risquait de perdre son âme, ou pire encore, sa virginité. Je ne dis pas que je n’y suis jamais allé hein. On a bien réussi à m’y trainé deux ou trois fois en faisant usage de la force. A chaque fois je suis rentré chez moi avant minuit. Comme Cendrillon, sauf que moi j'avais pas envie d'y aller et je restais tout seul dans mon coin pendant le bal. J’me souviens qu’une fois, je suis resté quatre heures assis sur le même tabouret, avec un verre de Smirnoff Ice dans les mains, que j’avais accepté pour être poli et pour faire illusion. Je me disais que camouflé derrière mon verre, personne ne me remarquerais. En plus j’étais persuadé que c’était de la vodka. Pour moi Smirnoff ça sonnait russe, donc c’était forcément de la vodka. Du coup, j’étais fier de moi. « Mec, t’es trop un chaud, tu bois de la vodka et tout, biiim ! ». Alors qu’en fait nan, c’était juste de la bière avec un peu de sirop au citron. C’est vous dire à quel point je n’y connaissais rien. Une autre fois, j’ai attendu que tout le monde ait le dos tourné, et je me suis tiré sans rien dire à personne. Bon, tout ça, ça a un peu changé maintenant. Aujourd’hui, je suis de tous les mauvais coups. Je suis de toutes les fêtes : apéros, bars, restaurants, sorties en tout genre, mariages, divorces, pots de départ en retraite, bar-mitsvas, cérémonies d’enterrement, tout ! Dès qu’il y a quelque chose qui commence à se préparer quelque part, je lève la main pour en être. Je ne sais même encore ce que c’est, mais c'est pas grave, je suis volontaire. « Veni Vidi » comme on dit. Pour le « Vici », on voit après.

110136665_oUn document d'une valeur exceptionnelle : moi, en soirée, en 2005. Admirez comme j'ai l'air de m'amuser. Tout le monde est dans l'ambiance, sauf moi. Aucun verre, ni à la main, ni sur la table. Bien enfoncé dans le canapé. La manche relevée pour voir l'heure qui ne passe pas. Sincèrement, je pense que j'ai juste envie de crever. Remarquez que même la photo de veut pas de moi. Et bien sûr, l'incontournable survêtement (combo pull + pantalon). Je me fais chier certes, mais avec classe !

  • Cependant, il y a des trucs qui ne changent pas : j’étais déjà incapable d’avouer aux filles que je kiffais que je les kiffais. Je vous promets, il y a des filles, j'étais complètement amoureux d’elles, et elles étaient à des années lumières de s’en douter. Mais vraiment hein. Genre, tu leur donnes l’information, elles éclataient de rire. « Ah ah ! Nan arrête, t’es con putain ». Et encore ça c'est quand elles savaient qui j'étais. Je vous jure, la scène faisait pitié, on se serait cru dans une mauvaise comédie romantique française : la fille arrivait vers moi, et là il y avait la musique d’ « Initials BB » jouée par un orchestre symphonique de cent musiciens qui résonnait dans ma tête. Et quand elle arrivait en face de moi, en général elle me tapait dans le dos ou au mieux elle me serrait la main. Et ma vie est ponctuée comme ça d'actes manqués sentimentaux. Je vous le dis, je n’aurais pas seulement été prince du royaume de la timidité, j’aurais aussi été empereur de la Friend Zone.

A suivre...

13 février 2018

Dix ans plus tôt (partie 1)

Sardou Dix ans plus tôt

 (Il est fortement conseillé par l’auteur de lire cet article avec en fond sonore « Dix ans plus tôt » de Michel Sardou. Même si la chanson, qui parle d’un mec qui se fait grave allumer par une mineure d’à peine 15 ans, n’a rien à voir avec les lignes qui suivent, je vous rassure. C’est juste pour le titre, en fait.)

     Dix ans plus tôt, l’adolescent attardé que j’étais faisait sa grande entrée à la fac, sans trop savoir où est-ce qu’il mettait les pieds. Enfin, « grande », disons qu’il faisait son entrée quoi. Dix ans plus tard, l’adulte pas fini que je suis en sortait avec un bac +5 en poche. Oui, vous avez bien lu, neuf ans pour un minable bac + 5. Au début j’étais parti pour tout niquer et le faire en cinq ans comme tout le monde, mais il y a eu des contretemps (notamment deux années sabbatiques). La fac, c'est comme un bar : on sait quand on y entre, on ne sait jamais quand on va en sortir, ni dans quel état. Dix ans, c’est beaucoup. Si on calcule, ça fait quand même le tiers de ma vie. Du coup je me suis dit, c’est l’occasion de tirer un bilan. Une sorte d’inventaire avant liquidation, quand on s’apprête à fermer la boutique (même si je n’ai pas l’intention de la fermer tout de suite). Je pense qu’il est temps que je règle mes comptes à grands coups de lignes virtuelles avec celui que j’étais à 18 ans, cette espèce de ringard bouffé par sa timidité et ses angoisses et qui passait à côté de sa vie. Ce ne sera pas long, je crois qu’il ne reste pas grand-chose de lui. Quoi que. 

  • Dix ans plus tôt, j’étais la timidité incarnée. J’vous jure, s’il y avait eu un royaume de la timidité, j’en aurais été le roi. En premier ministre, j’aurais nommé le Doute. Et pour le gouvernement, j’aurais filé un portefeuille ministériel à toutes mes angoisses. Le ministère de la famille pour l’angoisse de perdre mes proches. Le ministère de la santé pour la peur de mourir. Le ministère des affaires étrangères pour ma peur de parler aux autres. Et puis le ministère des sports pour mon asthme tiens. Putain ça aurait eu de la gueule. Vous m’auriez vu sérieux, vous auriez eu de la peine. Au lycée, j’étais une ombre qui errait dans les couloirs. Mon objectif dans la vie, c’était de passer inaperçu, de voler sous le radar, de surtout ne jamais faire de vagues. Je passais mon temps à fuir l’inconnu, et les inconnus. La simple idée d’être placé sous le feu des projecteurs me donnait des sueurs froides et des tremblements. Du coup, je vivais caché. Un jour je vous raconterai comment j’ai réussi à m’en sortir, grâce à un prof de fac qui m’a fait un coup à la « Cercle des poètes disparus ». 
  • Du coup j’étais encore complètement puceau, vous imaginez bien. Et rien ne laissait présager que ça pouvait changer dans les années à venir (voir paragraphe précédent). C'est clair que comme j'avais déjà du mal à m'approcher à moins d'un mètre d'une fille, la perspective de me retrouver un jour à une distance négative de l'une d'entre elle paraissait pour le moins improbable. Résigné, j’avais donc commencé à me renseigner sur les églises, histoire de me trouver un point de chute, au cas où. J’en avais trouvé une pas mal, où les bonnes sœurs n’étaient pas trop dégueu, et pas trop vieilles (enfin, pas mortes quoi). N’empêche que j’ai bien fait d’avoir la foi, parce que quand j’y repense, je me dis que la suite a vraiment relevé du miracle. Un jour je vous raconterai comment j’ai réussi à m'en sortir grâce à un prof de fac qui... nan je déconne !

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Moi avec les filles au lycée 

  • Je m’habillais en ringard des quartiers, tout en jogging. En plus je vivais dans une cité donc c’était vraiment le cliché. Le pantalon que je mettais le plus souvent, c’était une sorte de survêtement Adidas vert kaki horrible. Et ce n’était là que le début du festival : j’avais des chaussures Nike jogging aux couleurs de l’équipe de foot du Portugal dont j'étais extrêmement fier, des chaussettes blanches Nike qui remontaient jusqu'aux mollets, et tous mes t-shirt venaient de chez Intersport. Mais le comble de l'horreur, c’était mon blouson Umbro qui s’enfilait comme un pull, le genre de truc immonde qui a dû être à la mode seulement trois jours, et moi comme un con, je l’ai acheté pile à ce moment-là. Le pire c’est que moi je me trouvais classe. Je pensais que j’étais bien habillé. A mon avis j’étais le seul. Du coup, la conséquence de tout ça, c'est que je n’ai pas serré une seule meuf de tout le lycée, ce qui reste quand même un des plus grands échecs de ma vie. 

35690_1459324997676_7483464_nVous voyez, je ne vous mens pas. Ca c'est moi en 2006, dans ma première bagnole. Notez le détail qui tue : la bandoulière. Si Cristina Cordula voyait cette photo, elle ferait un AVC. 

  • J’étais un peu ignorant. Par exemple, je ne savais pas que Madonna venait de sortir son dernier bon album. Je ne savais pas non plus que Rafaël Nadal allait devenir un immense champion de tennis. J’me souviens avoir dit en le regardant jouer qu’il gagnerait deux trois tournois et qu’il retournerait vendre de la paëlla en Espagne. Toujours dans le domaine sportif, j’étais persuadé que le Portugal allait être bientôt champion de quelque chose, ce qui était, à l'époque, limite pire que croire au Père Noël. Je croyais dur comme fer que Lance Armstrong n'avait touché à aucun produit dopant pour gagner ces sept tours de France. Et je croyais aussi que Ségolène Royal serait la prochaine présidente de la République (ou Dominique Strauss-Kahn, un des deux, je n'étais pas sûr). C’est vous dire à quel point j’étais visionnaire comme garçon.

A suivre...

19 décembre 2017

Questions pour une chanson

Questions pour une chanson

    Les chanteurs français ont tendance à se prendre un petit peu la tête. Alors soit ça veut dire qu'ils réfléchissent plus que nous. C'est possible, après tout. Soit c'est juste qu'ils sont un peu plus cons que la moyenne. C'est possible aussi. La preuve :

   Que disent les chansons du monde ? Qui de nous deux inspire l’autre ? Qui replantera l’Olivier ? Où sont passés les gens que j'ai aimé ? Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? Et comment retrouver le goût de la vie ? Qui pourra remplacer le besoin par l’envie ? Merci à qui, à quoi ? Dans ces vents contraires comment s’y prendre ? Où sont les femmes ? Tu vas au bal ? Qui est « In », qui est « Out » ? Il est où le bonheur, il est où ? Est-ce que tu m'aimeras encore dans cette petite mort ? Tata Yoyo, qu’est-ce qu’il y a sous ton grand chapeau ? Si tu veux que mon bonheur, pourquoi tu t'en vas ? Sais-tu danser la Carioca ? Ville de lumière, qu'ont-ils fait de toi ? A quoi ça sert de vouloir tout savoir ? Est-ce que tu m’entends hey oh ? Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ? Pourquoi je vis, pourquoi je meurs ? Qui ose dire qu’il peut m’apprendre les sentiments ? Pourquoi n’essaies-tu pas ? Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ? Qu’est-ce qui fait tourner le monde ? Lequel de toi, lequel de moi ? Pourras-tu suivre là où je vais ? Sauras-tu vivre le plus mauvais ? Comment t’appelles-tu ce matin ? C’est quand qu’on va où ? Où et avec qui tu m’aimes ? Mais qu’est-ce que tu bois doudou dis-donc ? Seras-tu là ? Dis-moi, pourquoi t’es comme ça ? Pourquoi ça va pas ? Pourquoi t’essais pas ? Pourquoi tu veux pas ? A quoi je sers ? Quand tu danses, y penses-tu ? Qui craint le grand méchant loup ? Sous quelle étoile suis-je né ? Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Nous souviendrons-nous de nous ? Il était où hein, il était où ? Où il était le gentil ti Kiki ? Pourquoi je ris ? Pourquoi je pleure ? Qu’est-ce qui fait chanter les brunes ? Qu’est-ce qui fait changer la lune ? Comment ne pas perdre la tête, sérrés par des bras audacieux ? Sous quelle étoile suis-je né ? Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ? Où est-ce que j’ai mis mon flingue ? Pourquoi je saigne et pas toi ? Qui a le droit ? Tu veux ou tu veux pas ? Comment t'atteindre onde sensuelle ? Qui est l’exemple ? Comment lui dire ? Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école ? Que reste-il de nos amours ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi le silence ? Pourquoi ce grand vide quand je pense à nous ? Est-ce que tu viens pour les vacances ? Te souviens-tu d’un slow, dix ans plus tôt ? Qui saura ? A quoi je rêve ? Après quoi on court ? Qui peut vivre sans amour ? Où t’es papa où t’es ? Mais t'es où ? Pourquoi les gens qui s’aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ? Qui a volé l’orange ? Quand te reverrais-je, pays merveilleux ? Dis-moi pourquoi tu dis ça ? Pourquoi t’y crois pas ? Pourquoi t’y crois plus ? Pourquoi tu sais plus ? Est-ce qu'on peut ravoir à l'eau de javel des sentiments, la blancheur qu'on croyait éternelle avant ? A quoi ça sert l’amour ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Comment te dire adieu ? Est-ce que ce monde est sérieux ? Pourquoi d’abord ? Pourquoi ? Parce que. 

23 décembre 2016

Weekend dans le coma

Weekend dans le coma 1

    Le lundi matin quand on arrive au boulot, il y a une question incontournable quand on est autour de la machine à café avec les collègues, une question à laquelle on ne peut pas échapper, c'est :

"Alors, qu'est-ce que vous avez fait de beau ce weekend ?".

   Et là c'est un peu la compétition dans les réponses, genre celui qui gagne c'est celui qui a la meilleure vie. Du coup, il y a toujours un mec qui fait : "Nous avec les potes, on est allé fêter l'anniversaire de Jérôme, à Paname. On a fait une soirée de ouf, on a bougé toute la nuit de boites en boites, on a fini à 9h du mat', complètement défaits tu vois". Là-dessus, t'as une collègue qui enchaîne et qui fait : "Nous on est allé passer un petit weekend en amoureux sur la côte avec Jérôme (oui le gars s'appelle toujours Jérôme). On s'est fait un petit resto plein de charme le soir, en bord de mer, puis on est allés marcher sur la plage, sous les étoiles. C'était magnifique !". Et c'est à ce moment-là que tous les regards se tournent vers toi, comme au Poker, pour savoir si t'es capable de sortir une main meilleure que celles-là. Et là tu déçois tout le monde en dévoilant ton minable 2 de pique et ton 6 de coeur, en lâchant un lamentable "oh bah moi euh bfff... rien de spécial", en baissant les yeux et en touillant ton café, ce qui en général provoque un blanc chez toutes les personnes présentes, un peu gênées devant le sinistre de ton existence. Bon c'est sûr, c'est pas toi qui gagne le prix de la meilleure vie. Mais tu remportes quand même l'oscar de la pitié. Tu relativises en te disant que ça aurait pu être pire si t'avais dit la vérité, c'est-à-dire : "Moi ce weekend ? J'ai dormi 32 heures, et j'ai passé mon temps à bouffer de la merde affalé sur mon canapé en regardant NRJ 12".

   On ne vas pas se raconter d'histoires, ça arrive à tout le monde d'avoir des passages à vide. De temps en temps, la tristesse débarque dans nos vies, avec ses quatre valises, et nous comme des cons, on la laisse emménager.

"Ca va je te dérange pas ? Fais pas gaffe hein, je m'installe. Je peux te prendre le placard là ? T'en fais pas je reste pas longtemps, juste deux-trois jours. En plus regarde, j'ai ramené le Macdo et des dragibus. Ah je sens qu'on va se marrer tous les deux ! On va se mettre bien tu vas voir. Aller viens, on va se poser dans le canap' devant NRJ12 !".

   Et une fois qu'elle s'est installée, c'est fini. Je contrôle plus rien. Je lâche tout. J'entre complètement en hibernation. C'est comme si je disais au monde "Allez-y, continuez sans moi ! J'vous regarde !". Je quitte la partie. Je décide de ne plus participer à la vie jusqu'à nouvel ordre. Désormais, ça se passe entre moi, ma télé, et mon jogging. La plan à trois parfait. Emma Watson et Natalie Portman peuvent faire une bataille d'oreillers nues sur mon lit, ça ne m'intéresse pas. C'est vous dire mon état de détresse. Pourtant, au début, je me dis juste que je vais faire une petite sieste, histoire de me remettre d'aplomb après une semaine difficile. Sauf que je me réveille 16 heures plus tard. 16 heures c'est plus une grasse matinée, c'est Pierre Menès et Guy Carlier dans un lit. Après en général je mange deux-trois saloperies bien dégueulasses. Puis ça me fatigue alors je me recouche. Et ensuite bien que voulez-vous, c'est la porte ouverte à toutes les horreurs possibles et imaginables. C'est la spirale du pire qui s'enclenche : la trace des plis de l'oreiller sur le front, la coulée de café et la tâche de ketchup sur le t-shirt, les cheveux gras, les céréales collées dans la couette, le jogging qui sert de papier essuie-tout, les yeux tout collés et j'en passe. Au bout d'un moment j'ai le visage complètement destructuré. Je ressemble à "Guernica" de Picasso. Je me déplace comme un viellard jusqu'à mon frigo. Et bien sûr, je n'ai plus la moindre hygiène. J'ai oublié que j'avais une salle de bain. D'ailleurs je ne sais même plus à quoi ça sert, une salle de bain.

Weekend dans le coma 2Moi (en plus frais) quand je suis sur mon canapé et que je me sens agressé parce que quelqu'un frappe à ma porte.

    Alors forcément dans ces moments-là, je ne peux plus voir personne, sinon je risquerai de choquer les gens avec mon physique. Si vous voulez, c'est comme si il y avait un logo "déconseillé au moins de 16 ans" collé sur ma tronche. Les gens ne sont pas prêts à voir ça. Alors j'essaye d'éviter tout contact avec le monde extérieur. Je ferme mes volets à fond pour donner l'illusion que je suis pas chez moi et que j'ai une vie sociale, ce qui est complètement faux. Puis j'essaye de ne pas faire de bruit, au cas où quelqu'un aurait l'audace de venir me déranger dans ma décrépitude. Quand des amis m'appellent, je laisse le téléphone sonner dans le vide. Quand on frappe à ma porte, je fais le mort. D'ailleurs, des fois je me dis que les gens doivent vraiment croire que je suis mort.

"Euh... Chérie ? On a des nouvelles du voisin là? J'sais pas, je ne l'ai pas vu depuis trois jours, tout est fermé chez lui et il y a une drôle d'odeur devant sa porte. Pourtant sa bagnole est là hein. Si ça se trouve il est mort ce con !"

   Un jour, quelqu'un va appeler les pompiers et ils vont venir défoncer ma porte à coups de bélier. Heureusement, les gens doivent entendre régulièrement la cloche de mon micro-onde ou ma chasse d'eau, ce qui leur montre que je ne suis pas décédé. Du coup ils doivent juste se dire que j'ai une vie de merde. De toutes façons, à un moment, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, il faut bien quitter son canapé et sa couette pour recommencer à vivre, ne serait-ce que pour des raisons professionnelles (faut bien gagner de l'argent pour acheter le macdo et payer la redevance). Alors, j'éteins ma télé. Je renonce à entamer la nouvelle saison de ma série du moment, ce qui m'arrache le coeur. J'accepte de renouer des liens avec ma douche, ma brosse à dent et mon peigne. Je sors de mon appartement et je vais au boulot. Et en arrivant, je me sers un petit café avant de commencer. Et là, il y a mon collègue Jérôme qui débarque.

"- Salut ! Tu vas bien ?
- Ouais, ouais, ça va. Et toi ?
- Super ! Alors, qu'est-ce que t'as fais de beau ce weekend ?".

Connard. 

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31 mai 2016

200 millions de blogueurs, et moi et moi et moi

passwordeasy

     Le truc le plus chiant quand on décide de créer un blog, à part la mise en forme des pages, la création de la bannière, le choix des couleurs, l'écriture du premier article, l'écriture du deuxième article, l'écriture du troisième article et l'écriture des articles en général (c'est-à-dire tout en fait, si on résume. Pourquoi je m'inflige ça bordel), c'est de lui trouver un nom. Faisons rapide : il y a environ 200 millions de blogs dans le monde (je les ai compté personnellement hier soir) qui utilisent environ 200 millions de titres, et vous on vous demande, de manière complètement anodine, comme si c'était ultra facile, comme si c'était pas super important, comme si c'était une décision qu'on pouvait prendre, comme ça, sur un coin de table, pendant une cuite au vin rouge avec tonton Jean-Claude, comme si c'était pas quelque chose qui pouvait avoir d'irrémédiables conséquences sur l'avenir de l'humanité, bref, on vous demande d'en choisir un.

     Parce que, à la limite, moi je dirais qu'à côté, donner un nom à un enfant c'est facile. Par exemple si vous voulez appeler votre fils Mathéo, vous pouvez l'appeler Mathéo, même s'il existe tout un tas d'autres Mathéo un peu partout dans le monde (beaucoup trop même : arrêtez d'appeler vos enfants Mathéo). C'est rare qu'au moment où vous inscrivez le nom de votre enfant sur l'étiquette, une infirmière se pointe et vous dise "Désolé, ce nom est déjà utilisé par un autre utilisateur". En général, elle vous glisse plutôt une remarque convenue du style "Très joli, c'est un très bon choix !" ou "Ca lui va vraiment très bien !", et beaucoup plus rarement un "Ah nan, déjà pris, essayez plutôt Mathéo7334". Au niveau des blogs, on ne déconne plus, on joue à un autre niveau.

     Mais j'ai relevé le défi. Ca ne me fait pas peur, c'est mon blog, ma bataille. Après tout, j'en ai vu d'autres. Je vous rappelle que j'en ai déjà créé quarante des blogs (voir ici). Je suis quand même capable, une fois de plus, de faire preuve de talent et d'avoir un éclair de génie pour trouver le nom malicieux d'un site internet mort-né.

     D'abord, j'ai voulu faire dans le cynique avec "Debout les morts !" et "On va tous crever", avec un premier article dans lequel j'expliquais que de toutes façons c'est bientôt la fin du monde et de l'humanité toute entière, et que par conséquent pour occuper le temps qu'il me reste, c'était soit me droguer, devenir alcoolique et dilapider mes derniers salaires dans les bars à putes choper toutes sortes de MST plus ou moins sympathiques, soit me lancer dans l'écriture d'un blog, et que pour des raisons de paresse, j'avais opté pour la deuxième solution. Mais bon, j'étais pas hyper convaincu.

     Ensuite, j'ai essayé différents noms qui claquent bien dans la tête et qui marquent bien le côté voulu impertinent d'un blog rédigé par un jeune prétentiard en manque de compliments, genre "Le blog d'un sale con" ou "La langue de pute", mais je me suis dit que ça ne me ressemblait pas, moi qui ne suis qu'amour et tendresse dans le quotidien. Alors, j'ai essayé des titres un peu plus neutres, comme "Oh oui je viens", "Tu montes chérie ?" ou "Je vous dis merde", mais j'ai pensé que tous ces titres avaient le défaut d'être un peu fades. Alors je me suis dirigé vers des choses un peu plus colorées avec des noms comme "Dans ton cul", "Mais ferme ta gueule" ou "On s'en bat les couilles", mais je me suis dit que ce genre de titres ne feraient qu'encourager les lecteurs à fuir en cette période politiquement correcte où il est mal vu d'être vulgaire ou même d'harceler sexuellement une femme. 

     Après toutes ces tentatives infructueuses, j'avoue, j'ai failli craquer. Je me suis dit que ce n'était plus pour moi, que j'avais trop donné, bien avant l'envie. Dépité, j'allais éteindre mon ordinateur quand soudain, l'illumination. Mais oui bien sûr ! Dans mon blog, je vais parler de moi, je vais raconter ma vie. Il faut donc que je trouve un titre en rapport avec ça ! Du coup, j'ai eu plein de nouvelles idées, d'abord des complètement ringardes comme "Des bouts de moi" (nul à chier). Puis des choses plus épicées comme "Tous à poil" ou "In utero" que j'aimais beaucoup, mais que je n'ai pas retenu car juste après, j'ai eu l'idée ultime. Le truc indépassable, le climax de ma créativité. Le nom de mon blog sonnera doux aux oreilles (et un peu moins ailleurs) et sera... "Coloscopie" ! Mais oui ! Quoi de mieux qu'un nom comme celui-là pour parler d'une exploration intérieure ? Ah, j'imaginais déjà la bannière, représentant un grand tunnel avec une petite lumière au fond, et en sous-titre "Voyage au centre de moi".

coloscopieUn exemple d'image qui aurait pu servir de bannière. Avouez que cela aurait eu de la gueule 

     Victoire ! Je le tenais mon titre ! Je le tenais mon blog ! Je clique donc sur l'onglet "validation" et là... c'est le drame : ce nom est déjà utilisé par un autre utilisateur. Fais chier, putain de merde ! Vous vous rendez compte ? Il y a un type quelque part qui a l'esprit suffisamment tordu pour appeler son blog "Coloscopie". Oh et puis après tout tant pis, c'est le jeu ma pauvre lucette. Peut-être que je ne suis plus fait pour ça, tout simplement. J'ai perdu le modjo. J'assume pleinement la responsabilité de cet échec et j'en tire les conclusions, en me retirant de la vie blogosphérienne tout de suite après avoir éteint mon ordinateur. Je quitte mon bureau, frustré et déçu. Je m'effondre sur le lit, tel un héro antique déchu. J'allume la radio pour me changer les idées. Nostalgie annonce le meilleur des années 1980. Une chanson démarre. La suite, vous la connaissez. 

4 mai 2015

Encore un blog de merde

EncoreUnBlogDeMerde

     "Moi ? Un nouveau blog ? Nan mais tu rigoles ! Je préfèrerais qu'on m'arrache une couille avec un tire-bouchon ! Nan, soyons sérieux, j'ai déjà perdu beaucoup trop de temps à compiler bêtement des lignes sur internet. Et puis franchement, c'est pas à 28 balais que je vais replonger là-dedans, j'suis trop vieux pour ces conneries."

     Voilà, ça, c'était moi y a un ans. Je répondais à la question d'une amie un peu nostalgique qui me demandait si j'avais pas l'intention, un jour, après quasiment quatre ans d'arrêt, après avoir raccroché les crampons, après avoir déserté les planches, de recommencer à écrire des saloperies sur un blog. Je vous décris la scène : on était en pleine soirée, j'étais en train de me servir mon huitième verre de rosé directement au cubi (la grande classe), je venais de danser sur Magnolias Forever de Claude François (oui bon CA VA, huitième verre je vous ai dit), quand soudain, je ne sais pas pourquoi, sans doute porté par l’ambiance de la soirée (et par l’alcool), j'ai répondu à sa question en lâchant cette tirade pleine d'arrogance et de mépris. Tirade qu'on ne manquera pas de me lancer à la gueule maintenant, vous imaginez bien. Mais bon, que voulez-vous, l'amour des mots à été le plus fort, et je n'ai pas su résister à l'appel de la littérature (enfin presque, du racontage-de-vie-sans-intérêt sur le net plutôt). C'est pourquoi je me suis décidé à sortir de ma retraite internationale pour un ultime tour de piste, à la Zidane version coupe du monde 2006 ou à la François Fillon version présidentielle 2017 (un retour un peu raté, quoi qu'il arrive donc).

     Du coup, je sais déjà ce qu'on va me dire. J'aurais droit à toutes les vannes du style "Un nouveau blog ? Mais il va durer combien d'heures celui-là ? ", ou encore "Mais, c'est ton combientième blog ? Donne-nous juste un ordre de grandeur, à 150 près ? " ou même "T'as pas peur à force d'avoir eu plus de blogs que de gens qui les ont visité ? ". Ha ha ha. Le pire, c'est qu'ils auront raison. Honnêtement, je ne sais pas du tout combien de blogs j'ai créé au cours de ma vie. Je serais bien emmerdé si je devais vous donner un chiffre, là tout de suite. Je suis un peu le Jean-Pierre Mocky du net, j'ai semé n'importe comment, à tout-va. Un jour, une tablette sur laquelle figurera une de mes oeuvres oubliées va venir frapper à ma porte (genre, un vieux skyblog dégueulasse de quand j'étais ado). Et moi, aucune chance que j'assume être le géniteur de cette merde, du coup je claquerai la porte, lui exortant de retourner chez sa salope de mère et refusant catégoriquement de passer à la mairie pour en reconnaître la paternité. Vous comprenez, j'aurais trop peur de me couvrir de honte, car je sais très bien que l'idée qu'un blog dont je serais l'auteur puisse vivre longtemps et en bonne santé est une utopie. Si on voulait résumer, on pourrait dire que son espérance de vie serait à peu près équivalente à celle d'un poisson rouge qui nagerait dans un bocal dans lequel on aurait vidé quatre bières de 25 cl (si si, y a des gens qui font ça en soirée, quand ils sont un petit peu saouls).

     C'est toujours la même rangaine : au début, c'est tout beau et tout neuf, alors ça me donne envie d'écrire. Les articles s'enchaînent, ils sont drôles, bien pensés, bien écrits, et font le bonheur de nombreux nouveaux lecteurs, enjoués par tant de fraîcheur et de talent. Puis les mois passent, et écrire devient rapidement une contrainte, une obligation chiante à laquelle je me sens obligé de me soumettre. Du coup, les articles sortent au compte-goûte, ils ne sont plus vraiment drôles, d'une banalité choquante, écrits à la va-vite, et les visiteurs, plus très nombreux et excédés par tant de nonchalance et de décrépitude, passent leur chemin. Finalement, l'épilogue est toujours le même : le blog est abandonné, les quelques derniers fidèles assistent à son inéxorable pourrissement, jusqu'à ce qu'un jour je daigne enfin prendre une minute de mon temps pour le faire disparaître d'un clic, sans le moindre sentiment. Voilà, c'est la grande histoire de mon activité blogosphérienne. Et j'aime autant vous dire les choses d'entrée : Capitaine abandonné n'échappera pas à la règle. Je vous annonce d'ores-et-déjà sa disparition prochaine, comme tous les autres avant lui. Il sera une bouteille en plastique de plus flottant sur l'océan de mes inspirations avortées. Tout ce que j'entreprends fini irrémédiablement jeté en boule dans une poubelle. Vous voilà avertis, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus.

     Non, franchement, fuyez ce blog. Allez plutôt vous divertir sur les nombreux sites de couture, de scrapbooking ou de cuisine régulièrement mis à jour dont Canalblog raffole. Si par malheur vous vous attachiez à ces pages, vous finiriez obligatoirement par être déçus. 

IMGP0561

Ne vous fiez pas aux apparences : ce poisson rouge a encore vécu de longs mois avant de rendre sa dernière bulle. L'alcoolisme chez les poissons, on en reparlera un jour (notamment chez les morues en boite de nuit).

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